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Accéder à toutes les espèces

20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 18:43


 

DEUXIEME PARTIE : Le monts Carapa et une puissance technologique.

                08/07 : mont Carapa.

La fusée Ariane 5 vient de décoller dans une colonne de fumée qui monte en volutes dans le ciel orangé de Kourou, le vacarme est assourdissant mais il va en diminuant et bientôt, on ne voit même plus la gerbe enflammée de la fusée qui s’est perdue dans le nuages épais et grisonnants. Le spectacle a été impressionnant, surtout en soirée et c’est, les yeux émoustillés que nous attaquons la descente  du mont Carapa, panorama parfait pour assister à ce miracle de la technologie. L’on passe à travers de grands saules et bambous mêlés à la foule qui nous entraine vers le bas, lorsqu’un attroupement de personnes en bordure de chemin retient notre attention. L’obscurité n’aide pas à savoir ce qui se passe mais les discussions alentour nous indiquent la présence d’un paresseux dans un arbre canon, en face ; un touriste curieux braque une lampe torche sur la pauvre bête qui se cache les yeux avec ses petites pattes griffus, cela nous laisse le temps d’examiner le mammifère. Le paresseux est de petite taille, environ un demi-mètre de hauteur, son pelage est brun et châtain claire et sa petite tête est tournée à 180° pour nous regarder avec ses petits yeux noirs. Il fait penser à une peluche agrippée à sa branche avec son air d’enfant abandonné-mais attention aux apparences-il existe deux espèces de paresseux en Guyane, l’un est doux comme un agneau (on l’appelle d’ailleurs « mouton») mais le deuxième est farouche et agressif nommé l’uno. On les différencie à leur nombre de griffes: les « trois doigts » sont les Aïs (moutons) et les « deux doigts » sont les unos. Les paresseux sont recouverts d’une fourrure rêche et humide en permanence, sur laquelle se dépose une algue microscopique leur donnant un teint verdâtre, ce qui leur procure par conséquent, un très bon camouflage. Ils vivent environ huit ans mais l’aï peut vivre jusqu'à trente ans lorsqu’il n’est pas chassé par l’homme, ils donnent un petit par an et ils peuvent rester plusieurs mois sur le même arbre.

Ces aïs ont été pris en photos lors d’un relâché de paresseux, en juillet 2007

    Lassés de l’animal qui ne se distinguait plus dans la nuit tombante, nous continuons la descente jusqu'à retomber sur la route, là, une autre surprise nous attend : une énorme araignée paresse sur un panneau « cédez le passage », se laissant admirer par les passants. Sa taille est celle de la main, elle est toute noire et velue de la tête aux pattes, nous regardant farouchement de ses huit yeux scintillants. Il s’agit d’une « matoutou » signifiant littéralement  « araignée » en créole, c’est une mygale extrêmement courante en Guyane et malgré ses apparences de films d’horreur, elle est parfaitement inoffensive pour l’homme (ça ne veut pas dire qu’on la taquine amicalement) et on la voit souvent en vente, sous verre, dans les magasins de souvenirs.

Avant de partir, j’ai observé deux papillons qui paradaient dans les bananiers. Les mœurs sont bien différents de chez nous, je n’avais jamais vu une parade nuptiale si sportive : les deux insectes montaient à des hauteurs vertigineuses (20-30m) au point de ne plus les voir pour redescendre en piqué à une vitesse hallucinante. Puis ils recommençaient et recommençaient jusqu’à ce que je les perde de vue.

 

 

10/07 Cayenne

                Après une journée pluvieuse, le soleil est réapparu nous donnant une occasion d’aller visiter la ville de Cayenne. La première impression que donne la ville, est qu’elle est très mal entretenue ; les bâtiments sont sales, délabrés, certaine maisons tombent même en ruine en plein centre ville. Mais la place centrale (place des palmistes) est très jolie, l’église arbore des couleurs chatoyantes et les palmiers sont immenses. J’ai remarqué que l’architecture du coin est un mélange de créole et de style asiatique, il faut dire que beaucoup de peuples se côtoient ici.

                J'ai remarqué une chose amusante qui ne l'ai en fait pas du tout, dans les petites boutiques de Cayenne, il y a quelques tableaux où sont épinglés des papillons tropicaux, en détaillant les espèces voici ce que j'ai vu: il y avait des attacus atlas (papillon d'Asie de l'ouest), d’autres provenant du japon, des grandes tortues, des aurores et des sylvains qui sont eux bien de chez nous en plus du morpho brésilien, papillon emblème de l'Amérique latine. C'est en faisant marcher ce genre de commerce que l'on fait disparaître certaines espèces tropicales! Encore une autre forme de braconnage !


                 Aroundel



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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 18:43

PREMIERE PARTIE : ARRIVEE ET PREMIER WEEK-END EN CARBET.

J’ai eu, cet été, la chance, la merveilleuse chance, d’aller dans une contrée bien lointaine à la nôtre mais qui, malgré la distance qui la sépare de sa grise métropole, fait bien partie de notre pays. Et oui, même en France il y a des forêts vierges, des îles sous les cocotiers et une faune et flore démesurées  qui ne demandent  qu’à être regardées  mais qui peuvent  aussi bien se jeter à votre figure.

                A vrai dire, si j’avais su, « j’oré peu etre pa v’nu » : il y a nombre de choses  qui peuvent faire reculer, mais, c’est aussi ce genre de choses qui attirent  et rendent trépidante la moindre balade en forêt. Un serpent venimeux…et puis, ho, un magnifique papillon aux couleurs et aux formes extravagantes. Alors, voilà, je vais vous  raconter toutes mes rencontres inoubliables avec les bestioles et plantes de la très verte et profonde Guyane française !

                Après quelques longues heures de vol à survoler un pré bleu où de petits moutons se promènent paresseusement, j’atterris sur le sol guyanais. Le ciel est couvert et nuageux, température extérieure : 32°. A peine sorti de l’aéroport de Rochambeau, une sensation de chaleur et d’humidité tombe sur mes épaules pour ne plus me lâcher. Les palmiers de la forêt alentour bruissent d’une légère brise. Accueilli à bras ouvert par nos hôtes, je monte en voiture pour traverser la Guyane, ou plutôt longer devrait-on dire, car de Rochambeau à Cayenne, on ne traverse guère de forêt, mais cela donne déjà un bon aperçu de la région. La nature a ici encore ses droits, les savanes vertes qui longent la route, où seules  de petites fermes timides se sont plantées, sont pour l’instant les seules visions de civilisation, on les nomme « maison de périphérie». La route s’est frayée un chemin dans ce paysage et nous pouvons observer qu’ici la terre est d’un rouge ocre et nous apprenons que cette terre tache méchamment les vêtements clairs et qu’elle est très fertile (je ne sais pas ce qui lui donne cette couleur).

                Arrivés à notre logis, nos amis me montrent quelques insectes qu’ils avaient conservés en les mettant au congélateur et qui attendaient mon arrivée ; ils me savent très friand de petites bébêtes. Et ce ne sont pas de vulgaires insectes que je vois là ! Surprise après surprise, je découvre un, deux puis trois mégasomas actéons d’un noir de jais, un mâle et deux femelles : cet énorme scarabée est magnifique, le mâle possède de grandes cornes sur le thorax ainsi qu’une défense sur la tête, sa cuirasse est lisse et immaculée. Il fait bien 17cm de long et au moins vingt d’envergure, les ailes déployées. La femelle est plus « simple », sa carapace est rugueuse et ne possède aucune émergence, ni cornes ou piques pour la décorer ; elle est plus petite que le mâle mais fait tout de même 12cm de long.

Voici le détail de la tête du mégasoma actéon mâle (une fois naturalisé); admirez cette magnifique cuirasse lisse et brillante et cette parure cornue,ma foie très masculine mais de toute beautée.


                                                                                        

La femelle et le mâle, bien sagement installés dans leur boites vitrées après un long séjour au congelo.

 

S’ensuivent deux énormes et magnifiques papillons de nuits qui m’ont donné bien du mal pour les identifier. L’un était un « Othorene odeva » et est un « hyperchiria aniris »

(img)

Après cet étonnant étalage d’espèces guyanaises, nous prenons un bon repas puis nous nous couchons, après avoir fêté nos retrouvailles, dans de grands hamacs colorés, à ciel ouvert, la mer en face de nous (notre logis se trouve sur la côte de Cayenne). L’obscurité enveloppe la Guyane très tôt dans la soirée et très rapidement  (à 19 h il fait complètement noir).  Ma première nuit guyanaise a été peu reposante, avec le bruit des vagues, des pluies rapides qui font un sacré boucan lorsque les lourdes gouttes tièdes tombent sur les grandes feuilles de palmiers ; de plus, les bruits d’insectes sont bien étranges, au point que j’ai cru un moment qu’un bricoleur fiévreux usait abusivement de sa scie sauteuse ; à vrai dire, je ne sais toujours pas quelles étaient les bestioles qui striaient et chantaient, mais je pense que des sauterelles sont probablement à l’origine de ce vacarme, les criquets font aussi pas mal de bruit mais ce n’est guerre différent de la métropole.

                Le soleil réveille, de par sa lumière et sa chaleur, nous contraignant à nous lever à 7h chaque matin. En me levant, j’ai l’agréable surprise de voir plusieurs colibris butinant des fleurs de bananiers. C’est un spectacle très amusant, qui m’a absorbé pendant un bon quart d’heure : ces minuscules oiseaux qui sont d’ailleurs les plus petits du monde m’ont tout de suite fait penser au moro-sphinx, avec cette façon frénétique de voleter entre chaque fleur, de pomper le nectar avec précision dans une immobilité parfaite qu’ils gèrent avec leurs innombrables battements d’ailes. D’autres papillons sont venus traverser mon champ de vision lorsque je petit-déjeunais.

                J’ai alors la désagréable sensation que mes bras me grattent, je regarde mes coudes et j’ai la méchante surprise de découvrir une bonne dizaine d’énormes boutons, ma nuit en hamac a fourni un véritable banquet à tous les moustiques de Cayenne, ici, ils ne transportent pas de maladie autre que la fièvre jaune mais ils demeurent très agressifs et impitoyables. La parade ? le « Off » ! C’est l’anti-moustique du coin et ça marche extrêmement bien, il faut s’en asperger à chaque balade en forêts et tous les soirs, sur se point, j’ai préféré donner mon sang que de me brûler mes multiples boutons et égratignures avec ce produit nauséabond.

                Les tartines à peine englouties que déjà nous partons avec d’autres amis en carbet. Le carbet, cette fameuse grande cabane en pleine forêt, pas de mur, pas de porte, la nature hostile nous encercle et notre seule liaison avec le monde civilisé est la grande pirogue, attachée au ponton devant le carbet.  On ne peut y accéder que par la rivière d’Orapou large d’une dizaine de mètres, affluant du fleuve Oyak (appelée aussi Mahuri ou la Compté).

                Le voyage en pirogue s’est fait dans le calme, il pleuvait une bruine digne de Bretagne et nous étions emmitouflés sous nos ponchos, regardant sans se lasser les rives envahies de végétation tropicale. Nous apercevons ça et là des fèves de cacao et nous élaborons une technique pour nous en faire un p’tit dej. Quand nous arrivons au carbet, le soleil est revenu. Nous accrochons les hamacs, défaisons nos affaires et nous mettons immédiatement en maillot pour piquer une tête dans la rivière. L’eau est basse (la marée a une influence jusqu’à très loin dans les terres) et nous nous enfonçons dans la boue jusqu’aux genoux (pas très rassuré en imaginant toutes les bestioles qui pouvaient s’y trouver. Faute de nager, nous nous lançâmes dans une bataille de boue mémorable puis sortons de l’eau aussi propre qu’un tapir ayant trouvé une belle flaque de boue (pas besoin de se faire prier pour y retourner).

 

Une belle et grande pirogue à moteur amarée au ponton du carbet. L'eau du fleuve n'est pas des plus claires...

 

Beau comme des « negs la vase »! Un bain de boue a de nombreuses vertus dermatologiques mais c'est surtout un bon moyen de s'éclater comme des fous!

 

Les carbets sont conçus spécialement pour pouvoir y accrocher les hamacs  aux poutres.

 

Un  toi de tôle et une  armature en bois légerement surélevée, voila ce qu'est un vrai carbet.

 

Il y a tout de même quelques aménagements, sans quoi, la nature reprandrait vite ses droits.

Vue en longueur du carbet, il y a pas mal d’espace finalement et il y fait bon vivre. Et c’est le meilleur moyen de se sentir proche de la nature.


    Après la détente, je vais faire un petit tour en forêt pour observer la nature qui nous entoure, ma première impression est que, la forêt vierge n’est pas tout à fait comme je l’imaginais, contrairement à chez nous, il n’y a presque pas de plantes basses, ce qui fait que marcher en pleine forêt ne pose pas de problème, en plus de ça, le sol est « gadouilleux » à souhait, il y a même des petits ruisseaux ça et là. La végétation est luxuriante et verdoyante, des lianes tombent de partout, palmiers et arbres aux formes inimaginables poussent en masse et fleurs aux couleurs surprenantes sont dispatchées dans toute cette mélasse. Permettez-moi de vous présenter une plante assez extraordinaire : l’awara. C’est un palmier dont les feuilles partent du sol et se déploient en éventail sur 3-4 mètres de haut, la nervure centrale de chaque feuille est recouverte d’épines acérées de couleur noire faisant facilement cinq centimètres de long (elles perforent et transpercent la main comme couteau dans le beurre, il faut vraiment se méfier) ; ces longues épines ne sont pas là pour nous embrocher mais pour attraper toutes les feuilles mortes tombants des arbres, ainsi, l’awara se crée son propre humus et ne laisse rien aux autres, il est d’ailleurs surnommé « l’arbre poubelle ». On fait aussi, à l’époque de Pâques, un breuvage avec la sève de cette plante nommé « le bouillon d’awara », c’est une spécialité guyanaise qui à donner naissance à un proverbe qui dit que « qui boira du bouillon d’awara, en Guyane reviendra » (à mon grand malheur, je n’en ai pas bu…). On fait aussi du jus avec ses fruits ressemblant à de sorte d’abricots.

 
La faune se fait beaucoup plus discrète, je ne vois aucune espèce animale pour l’instant, il faut dire que la pluie qui venait de se déverser sur nous quelques minutes auparavant a dû leur retirer l’envie de sortir. C’est alors que je vois une immense tache bleue turquoise qui fend la végétation en un temps éclaire pour arriver sur nous, c’est un grand papillon bien connu de tous comme l’emblème même du Brésil  et de la Guyane, le grand et magnifique morpho brésilien, connu sous bien d’autres noms comme la grande charlotte… Son envergure en d’une douzaine de centimètres et son vol est saccadé et frénétique mais il plane dès qu’il est au dessus du fleuve ; c’est un papillon qui ne se pose que très rarement et je n’ai donc pu le photographier mais voici tout de même une photo prise sur le net, pour vous faire partager la beauté de la bête. Il existe une demi-douzaine d’espèces de morpho dans le monde et il y a bien trois espèces que l’on peut voir couramment en Guyane.


Après cette petite balade en forêt tropicale, je rentre un peu déçu tout de même, de ne pas avoir vu plus de bestioles extravagantes, mais cela viendra. En attendant, nous déjeunons à la lueur de chandelles, lampe électrique et torches que nous avions fabriquées. Le ventre bien plein, on serait bien facilement attiré par le hamac mais la nature m’appelle encore une fois ; avec beaucoup d’espoir, je tends un drap entre deux poutres et le laisse pendre, puis je l’éclaire à l’aide de plusieurs torches électriques, persuadé que moult créatures viendraient , mais mon appât marcha tellement bien que même les moustiques n’étaient pas attirés (à présent je sais ce qui n’allait pas, mes lampes n’étaient pas assez puissantes, elles étaient mal placées et en plus pendant une journée où il n’avait fait quasiment que pleuvoir, les papillons de nuit étaient bien timides). Mais permettez- moi de vous présenté une autre photo volée sur le web qui montre ce qu’aurait pu être ma chasse dans de meilleures conditions ; attention, c’est très impressionnant et je bave devant.




Ces photos ont été prises à Cacao, un site que je n’ai pas eu l’occasion de voir. Admirez le nombre de lépidos! Et dire qu’un papillon sur deux est un sphinx !! Je deviens fou !


        Un crissement strident perse la nuit identique au son que j’avais entendu la veille. Je décide promptement de partir à la recherche de la bestiole qui fait ce boucan. Je la trouve à quelques mètres du carbet sur un jeune palmier, c’est une sauterelle de modeste taille (bien plus petite que notre grande sauterelle verte) mais sa forme est étonnement différente des espèces de chez nous : son corps est bien plus élancé et plus saillant et sa tête est surmontée d’une sorte de corne, c’est un prolongement de sa tête, formant un pic, donnant à la bête un air agressif et hostile. Je la saisis délicatement par le thorax et je m’effare devant la taille des mandibules, elles mesurent bien un centimètre chacune et je ne doute pas de leur puissance que je teste malgré tout avec un gâteau apéritif qu’elle sectionne avec une facilité peu rassurante. Je repose la créature sur sa plante et pars à la recherche d’autres monstres amazoniens. C’est en rentrant de mon excursion que je découvre un crapaud d’une taille effarante en train de finir les croquettes délaissée par le chien. C’est un crapaud buffle, il fait bien 25cm de longueur et sa tête est grosse comme un poing, une long ligne marron longe sa colonne vertébrale et ses yeux sont noirs avec de fines paupières jaunes. Je le taquine du doigt et il me le happe avec sa langue, d’une force étonnante, l’attaque est plutôt surprenante on n’a beau dire que la petite bête ne mange pas la grosse et bien le vilain crapaud a bien essayé.


Nous nous couchons dans nos hamacs de toile peu de temps après, je m’endors comme un plomb. Les chiens nous réveillent à environ sept heures du mat, et une nouvelle journée commence dans la forêt. Mais avant toute chose je vais vous dire toutes les choses à faire et à ne pas faire en carbet. En premier lieu, il ne faut jamais poser un seul vêtement couverture ou autres tissus par terre, de minuscules bestioles nommées  « pou d’agoutis » s’y logent et piquent le malheureux humain qui a été en contact avec le vêtement puis ils choisissent la peau de la victime comme nouveau logis en attendant la maturité. Autre insecte incommodant est le ver macaque qui est une sorte d’ichneumon pondant ses œufs sous la peau des mammifères, il faut donc toujours surveiller de près chaque bouton. Une des lois de la jungle pour survivre en forêt est de ne jamais rien toucher, on connaît très bien l’histoire des petites grenouilles colorées qui insufflent un poison mortel au simple toucher (je n’en ai pas vu, dommage …) ; mais certaines plantes sont aussi dangereuses, ainsi que les serpents que l’on prendrait pour une liane ou une racine…

                La matinée se passe tranquillement sans découverte particulière à part un gros moustique aux pattes postérieures arborant un plumeau bleuté, de telle sorte que j’ai cru qu’il s’agissait d’un minuscule papillon au premier abord, sa carapace était bleutée-argentée lui donnant une certaine beauté, comme quoi, même un moustique peut être très joli.

                Nous repassons une après-midi à se baigner joyeusement dans la rivière, se laissant dériver, emportés par le courant accrochés à une bouée. Quand soudain, un petit poisson d’une dizaine de centimètres remonte rapidement à la surface et effleure ma main, c’est alors qu’une violente décharge électrique me parcoure tout le corps, me paralysant le bras et me rendant muet pendant plusieurs secondes. Lorsque je reprends me esprits, je sors précipitamment de l’eau en annonçant à la cantonade que je viens de me faire électrocuter par un monstre écailleux, la réaction ne se fait pas attendre, panique générale et puis personne n’a remis le moindre doigt de pied dans l’eau de toute la journée. Cela n’était jamais arrivé à personne présent dans le carbet et l’identité du poisson reste un mystère, j’ai cherché sur le net une probable identification mais j’ai fais chou blanc : on ne parle nulle part de petits poissons électriques dans les eaux douces des rivières guyanaises, et j’en suis sûr, il ne s’agissait pas d’une anguille. Cela reste tout de même une sacrée expérience.

En partant du carbet pour retourner à la civilisation (c’est court un week-end !) un serpent de deux mètres de long passe entre les jambes d’un copain qui ne l’a pas vu sur le coup, mais son petit frère, derrière, était tétanisé… Le reptile part se réfugier dans les arbres et se confond admirablement aux lianes vertes d’où son nom de « serpent liane », il progresse en projetant sa petite tête pointue de branche en branche, sa langue fourchue sifflant dans l’air. J’apprends plus tard que ce serpent était mortel.

En arrivant à la base militaire de Stoupan où nous avions loué la pirogue, je trouve un scarabée de taille moyenne, noir, avec un thorax d’une forme bien particulière. Il me semble qu’il fait parti de la famille des « titans ».




La base avait aménagé pour les touristes une petite salle où ils présentaient quelques serpents ou araignées en captivité, un cadre avec plusieurs morphos et une immense mâchoire de caïman  accroché au mur comme un trophée de chasse. Nous avons visité la salle puis nous avons repris la route pour rentrer à Cayenne, le retour à la civilisation est un choc!



                                     L'Aroundel








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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 21:43

LES MARAIS DE KAW

 

 

Cela vous dit de continuer le voyage ? D’échapper à notre petite vie de paisible métropolitain pour découvrir de grandes étendues d’eau troubles sous un paisible tapis verdoyant ? De naviguer en pirogue entre d’étranges plantes aquatiques et de voir un village pour le moins atypique et fascinant sous une pluie tropicale battante ? Et surtout de chasser un dangereux reptile aquatique une nuit de pleine lune ?

Charmant programme n’est-ce pas ?

 

18/17/08

Après une matinée tranquille à bouquiner dans les hamacs, flâner, manger..., nous partons pour les célèbres Marais de Kaw, grande réserve naturelle de Guyane. Accompagnés d’amis de nos amis, nous embarquons sur une grande pirogue, pilotée par un sympathique guide qui nous tiendra compagnie jusqu’à bien tard dans la nuit. L’embarcation fend les roseaux et dépasse une haie de bambou qui nous masquait la vue du Marais, la vision qui s’offre à nous est tout à fait inattendue, une immense « pelouse » s’étend sur des centaines d’hectares, rase et verdoyante, ça et là, des amas de végétation poussent uniformément, et au loin, une longue bande de terre ocre sur laquelle on distingue des maisons créoles. Tel est le marais, coincé dans une immense cuvette faite de montagnes et de forêt dense.

 

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Photo 565

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La réserve s’étend sur 94,700 hectares, elle comprend le marais mais aussi la montagne, celle-ci est le berceau d’une incroyable diversité, cette zone possède la plus forte pluviométrie de Guyane (c’est pour dire !!). Ce qui expliquerait qu'elle aurait servi de refuge pour la faune et la flore lors des périodes de grandes sécheresses de l’ère du Pléistocène.

 

Nous naviguons des heures durant dans de longs couloirs d’eau sous un ciel gris et un temps pluvieux (il ne faut pas oublier qu’avec le microclimat, c’est la Bretagne de Guyane ici…), longeons d’immenses forêts touffues desquelles s’échappent les cris des singes hurleurs que l’on voit se balancer par dizaines de branche en branche : ce spectacle extraordinaire contribuait à la magie de ce lieu. Nous apercevons de magnifiques oiseaux perchés sur les quelques arbres solitaires du marais, tantôt grandioses, tantôt chatoyants, tantôt discrets, ou mignons… Pour les ornithologues, et les autres d’ailleurs, j’ai dressé une petite liste des piafs que nous avons vus ou aurions été susceptibles de voir. (Toutes les photos viennent du net).

Voici deux superbes martin-pêcheurs du coin :

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Martin-pêcheur à ventre roux

 

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Martin-pêcheur d’Amazonie

 

Il existe une bonne palanquée d’échassiers que je ne vais pas tous illustrer mais tous nommer évidement :

Le Héron Cocoï, La Grande Aigrette, Le Héron Agami, Le Butor Mirasol, L'Aigrette Bleue, L'Aigrette Tricolore, L'Aigrette Neigeuse, Le Héron Garde-Bœuf, Le Héron Strié, Le Blongios Varié, Le Petit Blongios, Le Bihoreau Gris, Le Savacou Huppé, La Cigogne Maguari, Le Jabiru.

 

 

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Aigrette Bleue

 

Petit Blongios-Marcel Gauthier

Petit Blongios

 

Quelques rapaces :

Balbuzard pêcheur, milan à queue fourchue, buse à tête blanche, petite sterne.

 

Autres oiseaux d’eau :

Anhinga d'Amérique, Cormoran Vigua, Grèbe à Bec Biguarré, Grèbe Minime, Grébifoulque, Jacana Noir Talève Violacée, Talève Favorite, Canard Musqué, Urubu Noir, Urubu à Tête Rouge, Hoazin,

Ani des Palétuviers, Ani à Bec Lisse, Engoulevent, Sporophile à Ailes Blanches, Petit-Louis, Troglodyte à Miroir, Synallaxe à Gorge Jaune, Moucherolle à tête Blanche, Moucherolle Pie, Tyran Licteur, Paruline Equatoriale, Cacique-Cul-Jaune, Sturnelle Militaire.

 

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Hoazin

 

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Urubu noir

 

Parlons un peu du cycle biologique de cet incroyable marais, lors de notre séjour en Guyane nous étions à la fin de la saison des pluies, les fortes précipitations avaient donc bien rempli le lac durant les 6 mois précédents. Pourtant, si on prenait une photo satellite on ne verrait que de grands couloirs d’eau mais pas de lac… Où est donc toute cette eau alors ? Et bien, elle se cache sous une « savane flottante » composée de différentes plantes aquatiques qui s’entremêlent et forment un immense tapis verdoyant qui s’étant à perte de vue… Lors de la saison sèche, l’eau se retire dans le lit du petit fleuve traversant l’immense marais et la savane flottante se dépose sur le sol dégagé. Ce biotope incroyable suit donc le cycle binaire des saisons tropicales.

 

sp3-1278.jpg

Le plancher végétal du marais est d’une incroyable diversité ; on peut y observer toutes sortes de plantes, des espèces de joncs, de nénuphares, des lentilles, roseaux… sur les endroits où un humus a pu se former on a des mousses, des graminées voire même des petits buissons. Mais le plus extraoridinaire des éléments de ce marais est une sorte de mousse (dont je ne retrouve plus le nom) qui trempe ses « racines » dans l’eau et digère un grand nombre de substances polluantes : métaux lourd, sulfures, phosphates, les éléments carbonnés, méthane… Elle est d’ailleurs utiliser dans les grandes stations d’épuration de Guyane.

Nous continuons notre ballade sur ces eaux sombres et calmes quand soudain, à une trentaine de mètres, un grand remue-ménage attire notre attention… : plusieurs « bosses grises » se déplacent au ras de l’eau, soulevant la pelouse flottante avec une discrétion peu acouttumée à un quelconque prédateur reptilien… Les « bosses » se rapprochent de nous sans se soucier de notre présence et puis, petit à petit, nous distinguons mieux les formes de l’imposant animal, qui soudain se dresse, et valide ou réfute nos différentes hypothèses - notons d’ailleurs que notre guide avait entretenu un silence inhabituel durant cette scène… Et voilà, que voyons-nous ? Et bien une vache, enfin un bovin, un zébu pour être précis, se caractérisant justement par cette drôle de déformation dans le dos.

 

zebu

 

Il y a plusieurs troupeaux de zébus qui « pâturent » dans le marais, marchant sur le fond du marais, nageant au besoin, broutant les herbes à la surface… Drôle de bête en vérité…

Notez l’étrange végétation de l’arrière-plan, cette plante qui dresse ses grandes feuilles vers le ciel se nomme le Moucou-Moucou (famille des Aracèses). La fleur de cette plante a la particularité de produire de la chaleur.

 

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Nous finissons par débarquer au petit village de Kaw, situé en plein milieu du marais accessible seulement en pirogue (ou a la nage, mais vu les bêtes qu’il y a dans l’eau, c’est fortement déconseillé). Nous n’y avons vu âme qui vive, il faut dire que le temps n’était pas vraiment de la partie, mais toutes les traces de civilisations étaient là. De grands fossés traversaient le village de long en large pour faciliter la circulation de pluies souvent diluviennes ; les habitations, faites de bois et de tôles, arboraient des couleurs pastelles et pâles.

 

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Puis, nous réembarquons pour un petit ilot, au milieu du marais, sur lequel est aménagé un petit espace de convivialité, quelques bancs, un barnum, des tables basses… Chacun sort son pique-nique, l’apéro est servi, et c’est dans cette bonne entente que la nuit tombe sur le marais…

 

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Le royaume de l’obscur s’étend sur les immense plaines herbeuses, le chant des oiseaux cesse pour laisser place aux bruits inquiétants de la nuit ; la lune monte dans le ciel noir, elle est lumineuse, pleine et sa lumière inquiétante se reflète dans les miroirs obscurs du lac sous lesquels d’étranges ombres s’agitent… L’ambiance joviale et bruyante des instants précédents est remplacée par une tension et une excitation difficilement contrôlables, nous sommes aux aguets, sensibles au moindre craquement, moindre mouvement d’eau. Nous remontons sur la pirogue, non pas pour rentrer, mais pour participer à une chasse nocturne mémorable ! L’embarcation quitte les grands axes de circulation et s’aventure dans la basse savane flottante, des créatures aquatiques longues de plus d’un mètre fuient à notre approche, le lieu semble propice…Notre guide  éteint le moteur de la pirogue et se saisit d’un projecteur électrique, il l’allume et illumine d’un faisceau puissant les vastes étendues se trouvant devant la pirogue, la scène est troublante voire effrayante, des centaines d’yeux rouges nous regardent, plus que des centaines, ce sont des milliers de points rouges et scintillants qui s’étendent à perte de vue…

 

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Notre guide, ce Charon de Kaw, s’approche d’une des paires d’yeux discrètement, à petits coups de pagaie, il place l’embarcation au côté de la créature, nous distinguons alors la partie émergée de la bête.

 

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Il est maintenant si proche qu’il pourrait toucher l’animal, il se penche, tend ses bras hors de la pirogue, et, d’un geste rapide, vif et précis,se saisit avec force de la créature, une main sur la mâchoire, l’autre devant les pattes postérieurs et la soulève hors de l’eau !!

 

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C’est un magnifique caïman à lunettes, un jeunot, 7 ans a priori, il ne se débat même pas mais cette docilité n’est qu’un leurre, essayez de relâcher ne serait-ce que quelques seconde la prise que vous avez sur sa mâchoire et il tentera de fuir en vous arrachant la main ! Après quelques minutes de contemplation, je faisais mon baptême du caïman…

 

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Son corps est froid, lisse, ses écailles se chevauchent avec une perfection incroyable, cuirassant la totalité de l’animal, il est magnifique, voici encore une perfection de la nature, la courbe de sa bouche finement dentée lui donne l’impression de sourire, sa queue est extrêmement musclée et puissante, une bonne prise évite de se prendre des baffes malencontreuses… la bête est relâchée…

 

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(photo internet, mais c’est tout comme ce qu’on a vu…)

 

Cette espèce de caïman est la plus abondante du marais, dépassant rarement 1.50m, il se nourrit uniquement de poissons, nous n’avons donc rien à craindre de lui si nous tombons dans l’eau, mais il n’est pas le seul habitant reptilien de ce marais…

Pour accompagner cette pensée inquiétante, un grand choc se fait ressentir, la frêle embarcation vibre de tout son long et une ombre de 3m s’évanouit dans les profondeurs… Cette montée d’adrénaline nous a sacrément secoues, et notre guide ne paraissait plus très tranquille ; il nous expliqua à demi-voix qu’il s’agissait d’un caïman noir, assez rare et chassé à cause de sa dangerosité, cette bête, pouvant éteindre les 4m, est le monstre de ce marais, voici deux photos d’internet…

 

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(Trop dangereux la Guyane !!)

 

La soirée c’est tout de même bien finie, mais les impressions furent fortes et intenses. On relativise bien plus notre place d’homme dans cette nature surdimensionnée et dangereuse, nous ne sommes plus des êtres supérieurs, des Adams profitant du jardin d’Eden, mais bien des composants de cette profusion de vie, un simple maillon, prédateur ou proie, vulnérable… animal… Une leçon qui mêle crainte, respect et admiration.

 

En guise de conclusion, d’autres animaux du marais…

 

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L’aïmara. (internet) (Chapeau pêcheur !!^^)

 

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Tamanoir, nous avons aperçu la queue poilue d’un spécimen qui s’est précipité dans la végétation.

 

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Titaea lemoulti

© Alex Cahurel, forêt de Kaw, février 2005

 

 

 

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                                                                                                                          Robin                        

 

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 16:53

SIXIEME PARTIE : Acarouany.

Cela va bientôt faire 2 ans que je suis parti en Guyane et je n’ai toujours pas fini mon récit de voyage !! Il y a du laisser-aller, ne trouvez-vous pas?

Une envie de partir, de décompresser, de déconnecter? Que diriez-vous d’un séjour en symbiose avec mère nature, où les lianes s’entremêlent, où l’eau des rivières est chaude, où l’on part cueillir une noix de coco le matin, où l’on pêche le midi et  où l’on veille le soir à la lumière des bougies, bercé par le chant du léopard ? Cela vous va comme programme, t’façon, tant que la Guyane est encore « chaude » dans ma mémoire, moi je raconte…

 

Le week-end arrive et la fatigue se fait sentir chez les patrons de la maison, un bon repos leur serait fort agréable, ni une ni deux, fin de matinée de ce vendredi, le 4X4 se remplit (nickel ! ça rime). Bon le truc pas cool,  c’est que c’est moi qui me tape le chien comme voisin dans le coffre... bah oui, on est quand même 10 dans la voiture ! Nous rejoignons la famille avec qui nous ne décrochons plus et c’est parti pour de nouvelles aventures !! (Tadamm)


Le trajet s’étire un peu en durée et je commence à avoir des fourmis dans les pieds et le chien n’a pas encore fini de me saliver dessus ; nous déboulons néanmoins dans une petite ferme rudimentaire où courent les poules sur la terre rouge, soulevant d’ocres nuages de poussière. Enfin j’étire mes jambes et respire le grand air frais (euh non, là il fait très chaud), une petite maison construite sur des plans architecturaux mi-asiatiques mi-créoles trempe ses pieds dans l’eau d’un grand fleuve, une petite dame à l’âge vénérable sort à pas prudents de la maisonnée, et nous regarde, joyeuse, de ses yeux bridés perdus dans les plis de l’âge. Derrière elle,  un jeune homme asiatique, de petite taille et aux muscles saillants se précipite à notre rencontre et glisse quelques mots français dans une langue aussi métissée que sa peau. Il est charmant et je comprends bien vite que nous sommes de précieux clients pour la location de leur carbet, à une dizaine de kilomètres par le fleuve.

 

Durant l’arrangement de l’équilibre des affaires dans les pirogues ; la chienne baveuse communique sa joie de courir aux poules au point qu’une d’elle nous fait un infarctus, la bête est réduite en torchons plumeux et ballote, impuissante dans les mâchoires de son agresseur. Le canidé est fort bien engueulé et monte, la tête basse, bouder dans la pirogue prête à partir.


embarquement 1

embarquement 2

embarquement 3

 


Le temps est radieux et les pirogues glissent indolentes sur un miroir brunâtre, un vent chaud court sur le lit du fleuve et l’ombre alléchante des grand arbres nous nargue sous ce soleil de plomb.  Ça et là, des fèves de cacao, grasses, se regardent dans l’eau, attendant de se faire cueillir ; le paysage est magnifique et le petit plus du coin, c’est le relief, car la forêt manque souvent de relief et ici, la rive monte bien à deux ou trois mètres, on a l’impression de circuler dans une gorge tropicale et sinueuse.


Le jeune asiatique nous conduit avec un autre Mong. Les Mongs sont une minorité importante en Guyane, de provenance du Vietnam, ils sont venus s’installer ici pour échapper aux horreurs de la guerre d’indépendance sévissant dans leur pays. Aujourd’hui, ils tiennent un grand nombre d’épiceries, d’alimentations ou bien, comme dans le cas présent, louent des carbets. Nos deux guides avaient grand plaisir à discuter avec nous et nous racontaient, le gouvernail entre les mains, pleins de choses sur la rivière, la forêt…

 

 

 

sur le fluve acarouany 2

sur le fluve acarouany


Et là ; c’est la surprise dévoilée, le cadeau qu’on déballe, le rideau qui se lève : la découverte de notre logis ! IN-CROY-ABLE ! Spleeeeeeeendide ! Grav’ kiffant ! C’est chouette en fait.


Bon, le truc moins cool c’est que personne n’a pris de photos, trop béat peut-être donc accrochez-vous car je vais vous faire une sanglante description.


Nous venons de passer un coude du fleuve, la hauteur des arbres nous indique une petite crique encore cachée pour le moment. Le moteur de la pirogue finit en decrescendo son mécanique monologue et l’embarcation perd de la vitesse ; les feuilles éparses de la végétation s’écartent et nous accostons au ponton de la crique, la forêt encadre le terrain : cinq carbets grimpent sur un fort dénivelé de terre battue et s’imbriquent les uns derrières les autres, de tailles différentes. Leurs grandes poutres en beau bois foncé et ternis par la chaleur sont fichées dans le sol et s’élancent vers le ciel, dessus, d’immenses toits de tôles ondulées  prennent le soleil. Les arbres immenses de la forêt couvrent de leurs ombres protectrices le lieu sylvestre, nous protégeant de l’effroyable chaleur qui pèse sur nos épaules et fait de nos cheveux un casque brulant. Des marches faites de planches tordues cloutées avec difficulté et redressées avec talent assurent la cohésion entre les carbets et le magnifique aménagement aux abords du fleuve : un immense ponton de bois avec des grandes planches pour accoster les pirogues, des avancées pour se baigner sans s’engluer dans la vase et le must of the must est un arbre de quatre mètres de haut recyclé en un grinçant et éprouvant plongeoir, de l’une de ses branches pend une corde à la noble fonction de donner au touriste l’illusion qu’il peut égaler Tarzan et atterrir avec la majesté du pachyderme dans l’élément aqueux.


A peine installés, nous nous mettons en tenue de baignade et nous courons tous à l’eau !! On y a passé toute l’aprèm à vrai dire… On avait même un petit canoë insubmersible avec nous.

 

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En fin d’après-midi, bien crevés par tous nos exploits physiques, nous tentons une partie de pêche. On avait du fil, des plombs et des hameçons ; j’ai réussi à monter quelques lignes de fortune en bricolant des bouchons et en utilisant des branches d’arbres inconnus. Le problème suivant fut celui de l’appât, d’habitude, je trouve des asticots dans des glands et autres graines mais là…je suis complètement perdu dans cet endroit si différent ! Ni une, ni deux, je vais demander conseil aux jeunes Mongs, restés pour la longueur du séjour avec nous. L’un d’eux me fait signe de le suivre et nous nous arrêtons prêt d’un arbre, en plein milieu du camp ; « maripa » me dit-il et je comprends qu’il s’agit du nom vernaculaire  de l’arbre. Il se baisse et saisit une grosse graine au sol, un peu plus grosse qu’une noix et de forme similaire, il dégaine sa machette et se met à tailler le fruit sec qui cède  facilement  ; il retire avec délicatesse la coque noire et attrape un gros asticot bien gras, il doit bien faire 3cm ; il possède de petites mandibules broyeuses et sa physionomie est proche de celle d’un coléoptère, mais l’heure n’est pas à la détermination (je regrette maintenant de ne pas avoir demandé de quel insecte il s’agissait) et je vais tout de suite l’empaler sur mon hameçon et lance ma canne à l’eau.

En attendant que ça morde, je monte quatre autres lignes et pars chercher de quoi me faire des cannes dans la forêt et je m’éloigne un peu du camp… A proximité, la forêt est un entretenue et les arbres sont espacés, en m’éloignant encore, je tombe sur quelque chose d’étrange et d’intrigant. Cela ressemble à un immense nid de je ne sais quoi, sa taille est impressionnante, il monte à hauteur d’yeux sur environs 1m et sa largeur est supérieur au tronc de l’arbre (+50cm),  cela ressemble un peu aux nids de termites arboricoles mais la taille est vraiment supérieure. Je garde mes distances, imaginez qu’il s’agisse d’un nid d’abeilles ou de guêpes, leur nombre serait impressionnant !! Aucun signe de vie…je m’approche… arrivé à côté, j’observe un peu mieux la structure de cette étrangeté. Ça couleur est un mélange de noir et de marron avec quelques stries plus claires, la forme est allongée et un peu évasée sur le haut, se finissant en dôme. A première vue, on dirait du bois mais malgré de nombreux petits bourrelets, la surface reste lisse ; je colle mon oreille. J’entends quelque chose, ça bouge à l’intérieur, comme des chuchotements, un grouillement d’insectes qui grattent, trépignent, courent en tous sens…Il y a donc de la vie ! Mais les hôtes de cette coque semblent timides ; j’inspecte l’ensemble, à la recherche de sorties et d’ouverture : il y en a une seule, en haut du dôme mais je ne vois rien par ce trou. Ne voulant pas en rester là, je décide de faire sortir ceux qui se cachent, m’attendant à tout.

Pour le moment mes hypothèses sont infinies, peut-être des fourmis, des termites, des abeilles, des guêpes mais dans tous ces cas là, j’aurais remarqué des allées et venues, mais rien, personne n’est entré, personne n’est sorti. Bon… j’y vais ? Je cogne le dôme avec mon ongle, mes pichenettes, ne donnant pas de résultats, se font de plus en plus violentes et la carcasse résonne avec un bruit sourd au rythme de mes petits coups. Je m’interromps, il y a de l’agitation, c’est même un sacré boucan maintenant, ça bourdonne, ça trépigne, ça s’énerve méchamment !! Je commence à flipper un peu et prend du recul mais la curiosité m’empêche de courir, et là je vois des petites pattes qui sortent du dôme, des ailes, de très nombreuses ailes, et des antennes et des corps au corsage serré et de gros abdomens rayés de blanc et de gris et à leur bout, un dard acéré !! Waaaaaaaaaaaaaaa des guèèèèèèèpes !!!!!! Taioooooooooo !!!!!!!!! Je me barre, c’est bon, pas la peine de s’énerver, je m’en vais… j’m’excuse, ok ? Non ? Vous voulez mon goûter, de l’argent ? Euh… bon bah j’y vais là… désolé hein ? Et là,…c’est le moment où je me suis mis à courir comme un dératé sur les 300m que j’avais fait au cœur de la forêt pour arriver au camp, soufflant comme un buffle, je les ais semées !! (Trop dangereux la Guyane).

 


Après cette bonne poussée d’adrénaline, je retourne à ma ligne prêt à affronter la terreur de la rivière, plus rien ne

me fait peur maintenant. Au bout d’un long moment, très long moment, le bouchon coule, je ferre le poisson qui n’est pas plus gros qu’un gardon… plouf ! Dans le seau. J’en ai eu une bonne demi-douzaine comme ça, de deux espèce différentes, une plutôt allongée, type carnassier avec une mâchoire de perche avec des couleurs dans les tons rouges foncés, et l’autre, du genre perche aussi, mais moins fin se rapprochant de la perche-soleil de chez nous. J’en réserve deux pour la pêche au gros et m’en vais dépiauter les autres (je vous fais pas le détail) et les mets dans de l’eau fraîche, en attendant le bon moment pour la cuisson.

 


La nuit tombe d’un coup et la forêt commence son chant intriguant. Dans une ambiance de fête, nous dînons autour d’une bonne quiche et célébrons notre brevet récemment acquis au cidre (nous somme avec de purs Bretons, ne l’oublions pas). J’ai goûté le poisson, seul (personne n’en voulait, me d’mande pourquoi) et j’ai été déçu : de un, il y a plein d’arêtes, de deux, il n’était pas assez cuit, de trois, c’était pas terrible… Faut toujours tester dans la vie, sinon on a jamais de surprises. C’est le ventre bien rempli et la tête lourde d’une partie de Risk que nous allons rejoindre nos hamacs mais malgré la fatigue le sommeil avait du mal à venir car le jaguar hurlait à quelques centaines de mètres du campement !! C’est pas vraiment rassurant mais c’est surtout des gros mitos parce qu’on ne l’a pas entendu, mais il est vrai qu’il y en avait un à proximité.

 

 

hamac

 

hamac 2

 

pti dej

 


     Après une bonne nuit réparatrice et un costaud petit dej’, nous sommes prêts à attaquer une nouvelle journée au milieu de l’enfer vert. Le programme du matin fut le même que l’après-midi précédente, à savoir baignade et une petite remontée du fleuve en canoë insubmersible pour cueillir des fèves de cacao dans le projet de faire du cacao.

L’après midi fut bien plus enrichissante, les Mongs, connaissant le coin comme leur poche, nous proposent une petite visite guidée de la forêt alentour en axant la présentation sur les arbres. Le premier spécimen branchu digne d’être connu est le « bois vache », étrange comme nom… La particularité de cet arbre est la couleur de sa sève, blanche comme le lait, qui coule abondante et gluante sous un coup de machette donné par le Mong sur le tronc. Cette substance est comestible après une préparation particulière car à l’état brut, ce liquide est tellement dense qu’il se colle aux parois de la gorge et finit par boucher l’orifice respiratoire ; mais après ébullition, la sève du bois vache se boit comme du petit lait (c’est le cas de le dire). L’arbre qui nous est présenté ensuite est l’awara, dont j’ai parlé dans le premier article, petit rappel : sa sève peut être utilisée en bouillon, et ses fruits sont comestibles mais attention aux épines acérées ! Plantes suivantes : différents palmiers : on fait de magnifiques corbeilles à fruits avec la coque qui protège les graines du premier ;

 

coque de maripa

les noix de coco du suivant sont délicieuses… je n’ai pas tout retenu malheureusement mais en gros : en Guyane, on ne peux pas mourir de faim : quand on voit des aventuriers qui croquent des mygales pour se remplir le ventre et bien il est clair qu’ils n’ont rien compris à la forêt vierge… il y a tout a portée de main !

Les différents arbres que nous croisons ensuite sont réputés pour l’essence rare et belle de leur bois, très prisée sur le marché du mobilier, certain arbres sont même côtés en bourse tel le bois de rose, l’ébène vert, le moutouchi…

Notre guide nous présente ensuite en quoi la végétation peut servir pour communiquer avec une personne qui se trouve plus loin dans la forêt ; le premier petit truc qu’il nous montre est comment faire un sifflet avec la tige d’une plante proche du roseau ou du bambou, la fabrication est rudimentaire et le bruit qui sort de l’instrument est puissant et strident, on peut même varier le son en agissant sur l’écartement des deux petites anches  qui composent l’objet.

 

pipo

 

Il existe un deuxième instrument autrefois utilisé dans la communication inter-tropicale ; il est… comment dire… un petit peu plus imposant que le premier ; la largeur reste raisonnable, seulement  4 m de diamètre mais la hauteur dépasse de loin celle d’un saxo : a vu d’œil, je dirais 75-100 m, c’est pas facile d’évaluer quand on ne voit pas l’autre bout… Bon, inutile de vous faire poiroter plus longtemps, vous avez bien compris qu’il ne s’agissait pas d’un harmonica : mais d’un arbre !! L’arbre cathédrale, un édifice végétal mondialement connu aux racines immenses et aux branches larges comme des troncs de chêne ! Les irrégularités de son tronc peuvent cacher un homme mais le plus impressionnant n’est pas sa taille, mais le bruit qu’il produit quand on le cogne, un gros coup de branche à sa base et il résonne sur une fréquence basse sur une petite dizaine de kilomètres à la ronde : tout à fait incroyable !

 

 

arbre c

arbre c 2  arbre cathé 2

 

arbre cathé 3

arbre cathé

La visite du règne végétal finit par un magnifique essai de liane, jouer à Tarzoun quoi ! Mine de rien elle peut supporter près d’une tonne, il n’y a pas besoin non plus de balançoire en Guyane, elles sont déjà là.

Passons aux petites bêtes (vous croyez y réchapper ?) ! Le plus banal avant tout : la fourmi, la petite fourmi de 3 cm ! Elle est mignone, elle est longue, elle a de belles mandibules, elle se ballade avec ses copine sur un tronc… et une morçure, seulement une morçure tétanise un membre sur une douzaine d’heures, sympatoch l’insecte ! Mais il y a mieux, car quand elle mord, elle dégage une phéromone qui ameute la petite famille et au bout de trois piqûres, la grande faucheuse vient vous chercher, et oui, t’es mort s’il y a trois pauvres fourmis qui te piquent, quand je vous disais que c’était dangereux la Guyane…  Son petit nom : la fourmi flamande, non parce qu’elle vient de Flandres  mais parce que la piqure brûle comme une flamme.

Sur la ballade, un mignon petit crapaud feuille est venu nous dire bonjour, il porte vraiment bien son nom.

 

crapaud feuille

Puis nous croisons un nid de migale.

nid de migale

Mais les papillons me manquaient horriblement et avec l’humité ils se faisaient absents, du coup je voyais des lépidoptères partout : )

Voyage 1228


Malgré ce manque de la classe « insecta » la forêt a su m’étonner avec d’autre armes : quand je parlais de grosses lianes robustes, il en existe aussi de très raffinées :

 

liane 1

liane 2

Le jeune mong nous a aussi montré un grand nombre de pièges qui peuvent servir pour attraper du petit ou du gros gibier, ayant aussi servi durant les différentes guerres. Immobilisation, emprisonnement, empoisonnement, transpersion… Tous les moyens sont bons pour se nourrir ou se vêtir de peau de léopard.  Je vous rassure : aujourd’hui, la législation a interdit l’utilisation de tous ses pièges car la dispartition des gros mammifères se fait ressentir aussi ici…

 

 vu sur fleuve


Notre chemin était une boucle et nous retrouvons les carbets en cette fin de journée, nous profitons d’une dernière nuit sauvage puis, à contre cœur, retournons vers le bitum, l’électronique, l’électrique, le bruit, la manufacture et le stress : vers la civilisation… (J’suis pas aussi anti-société moderne que ça^^ j’adore Mario Cart !)

 

                                                                                                  Aroundel

 

 

                                                       SUITE DU VOYAGE


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