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Accéder à toutes les espèces

16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 16:38

Microsculpture: fiction ou réalité?

Le travail et l'exposition de Levon Biss au muséum de l'université d'Oxford.

http://microsculpture.net/

 

Amis contemplatifs de la nature, si je n'étais pas déjà fou de bêbêtes, je le serai devenu en découvrant ce travail extraordinaire du photographe Levon Biss. Sans exagération, je pense que d'une manière ou d'une autre une page vient d'être tournée dans le monde entomologique. Mon ressentiment, ma perception est que la beauté perçue des insectes demeurait comme un diamant dans son écrin, partiellement accessible, déformée par le différentiel d'échelle, comme une planète au loin perdue dans l'immensité sombre de l'œil du microscope. Ce que Levon Biss a fait, c'est libérer ce diamant et l'exposer aux yeux de tous, nous offrant la beauté véritable des insectes et l'effet que cela m'a fait fut fort, très fort, peut-être une révélation.

Mais de quoi parle ton exactement? La démarche est assez simple, il s'agit de photographie d'insectes de collection, sans mise en scène particulière, libre de tout propos artistique ou autre. La singularité ce trouve dans la technique de photographie qui se veut la plus précise possible : en macrophotographie, on est toujours confronté à un compromis entre précision du détail et profondeur de champs, avec une mise au point très précise sur le thorax d'un coléoptère on obtiendra un rendu sur les pattes passablement flou. Et plus on se perd dans l'infiniment petit, plus le problème s'aggrave, quiconque a manipulé un microscope sait qu'il n'y a qu'en jouant avec la mollette que l'on peut se rendre compte du volume du sujet observé.

Levon Bess a entrepris de briser cette barrière optique (ou plutôt de l’enjamber) en jouant justement sur la molette du microscope et à prendre une photo à chaque évolution de la mise au point. L'étape suivante consiste à découper la partie nette de chacune de ces photos et à les assembler pour redonner toute sa dimension à l'insecte, d'où j'imagine le terme de "microsculpture". La petite vidéo de présentation du site rend compte de l'immensité du travail que cela représente, des procédés mis en œuvre, de l'équipement technique...

https://fstoppers.com/bts/10000-photos-go-making-these-stunning-three-meter-insect-prints-127799

 

Le résultat nous donne alors la représentation graphique parfaite d'un individu à six pattes, dans toute sa complexité, toute sa construction organique, sa morphologie intime, sa splendeur. Ma première réaction fut un ahurissement contemplatif, un voyage parmi des paysages irréels, lunaires, volcaniques, cosmiques, célestes puis à travers la matière, le métal, le verre, le tissu, l’eau, le feu, la terre. Plus que des formes géométriques, ce sont des tableaux aux palettes de couleurs subtiles ou audacieuses, des dessins, des perspectives. Il y a quelque chose d’absolu là-dedans, « La Grande Belleza », 42, Dieu ? C’est comme si on se retrouvait pour la première fois, face à face avec ce monde, d’égal à égal et à nous comparer. L’être humain est bien grotesque, primaire, primitif: ce qui n’est finalement pas un secret; les insectes sont la « success story » de l’évolution, ayant traversés sans dommage toutes les grandes extinctions de la terre.

 

 

Au-delà de cette leçon d’humilité, ce face à face où tous les détails, toutes les subtilités sont misent à jour, donne une dimension incroyable au caractère individuel de l’insecte : nous raisonnons scientifiquement généralement à l’échelle de l’espèce ou de la sous-espèce mais jamais à celle de l’individu en lui-même et je suis sûr qu’avec cette méthode de photographie on pourrait se rendre compte de quantité de petites ou grandes différences entre deux individus de la même communauté de la même manière que nous percevons les différences entre deux individus humains. Si tous les êtres humains sont autant différents les uns des autres, les spécimens d’une même espèce le sont probablement tout autant. Cette impression fait exploser le principe de biodiversité à un niveau tellement gigantesque que j’en ai le vertige, d’autant que rien que le fait d’imaginer 10 millions d’espèces différentes (une estimation parmis tant d'autre du nombre d'espèces d'insectes, certaines vont jusqu'à 80 millions!) m’est simplement impossible…

A la fin de la vidéo de présentation, un des intervenants dis espérer que cette exposition inspire de futurs générations d’entomologistes. J’en suis convaincu, tout comme le film Microcosmos l’a fait.

 

 

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